Un Policier dont les Anglais gardent jalousement le secret.
Patricia Ann GRANGER – Un nom qui
fait de plus en plus parler de lui sur le Continent avec le succès international
des aventures de Lizzie Martin, dont le livre présenté constitue le premier
volet.
Au moment où mes yeux se posèrent
sur la première de couverture, l’affaire était conclue. Comment résister à la finesse
de l’illustration et à cette accroche à la fois cinglante et circonspecte. Un professionnalisme
graphique propre à la collection « Grands Détectives » 10/18 de M. Zylberstein. Car tout n’est en
réalité qu’histoire de séduction, d’autant plus en matière de littérature où, à
mon grand regret, l’attention et le soin apportés à cette « vitrine »
sont souvent négligés.
Les appréciations esthétiques
mises à part, il est temps de nous munir de nos deerstalkers et de nos loupes et d’aller glaner quelques indices au
dos de cet ouvrage qui se veut bien mystérieux.
***
« Londres, 1864. Lizzie Martin accepte un emploi auprès d’une riche veuve
dont la précédente dame de compagnie s’est enfuie avec un inconnu. Mais quand
le corps de la jeune fille est retrouvé dans le chantier de la gare de St
Pancras, Lizzie décide de mener sa propre enquête. Elle pourra compter sur l’aide
d’un ami d’enfance devenu inspecteur, Benjamin Ross, pour découvrir la vérité
sur la mort de cette femme… dont le sort semble étroitement lié au sien ».
Tous les ingrédients sont réunis : un cadre victorien
idyllique, une aristocratie bouffie d’hypocrisie sur fond de misère sociale… et
le plus relevé de tous, un détective tenace grimé sous les traits d’une jeune
provinciale à la curiosité exacerbée.
L’intrigue se lance rapidement
avec l’arrivée, quelque peu chaotique, de notre héroïne sur le sol londonien et
le périple du lecteur avec. La narration interne employée par l’auteure et la
justesse de la description psychologique de Lizzie ont pour effet de nous
transporter directement en ses lieux et place. On perçoit au fil des pages le
travail constant et maitrisé de l’écrivain, le rythme, sans être soutenu,
connait une progression régulière et l’investigation s’étoffe avec délice. Le
Cluedo pose subtilement, non sans quelque ironie, ses fondations et notre désir
de croiser le fer avec l’instigateur de cette fresque macabre va grandissant.
Aussi captivante que fût l’expérience
Lizzie Martin et malgré un sens aigu des codes du genre, on pourrait cependant
regretter les détours empruntés pour mettre en scène le personnage, moins
charismatique de Benjamin Ross, qui partage pourtant l’affiche avec notre
enquêtrice en herbe, plus lourds et maladroits.
Reste que cette charmante série
promet de bons moments de détente.
Note : 3,5/5