dimanche 5 janvier 2014

Nature Morte - Louise PENNY


Cerf, Cerf !... Ouvre Moi!

I'm reading In the Rain
Week-end pluvieux oblige, la réouverture de la bibliothèque est proclamée.
Au menu aujourd’hui, une petite trouvaille fort sympathique que Relay© a mis sur mon chemin pour tenter de satisfaire mon impatience entre deux correspondances, les aléas du trafic… Oh joie !

Louise Penny, Un Caribou Lettré
De formation journalistique cette canadienne quinquagénaire s’est lancée fin des années 2000 dans l’écriture de plusieurs romans policiers.
Récompensée à maintes reprises par des prix prestigieux (Prix Agatha décerné quatre fois), il semble que la traversée outre atlantique de sa notoriété ne se soit pas faite sans encombre, n’ayant jamais entendu parler de sa plume jusqu’il y a quelques mois de çà.

Préliminaires bouquinesques
La première de couverture est un pur produit de la collection Babel Noir, aussi loufoque que dérangeante à l’image de l’intrigue qui s’y cache. 
L’association de l’intitulé « Nature Morte », peu engageant, et de l’illustration choisie inquiète, dérange, ses yeux de biche torves qui vous fixent m’ont à la fois rendu mal à l’aise et piqué d’une curiosité presque malsaine.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on s’empresse de glaner quelques indices supplémentaires du côté de la quatrième de couverture qui nous révèle que …

Un dimanche d’automne, le jour se lève sur le charmant village de Three Pines, et les maisons reprennent vie peu à peu.

Toutes sauf une… La découverte dans la forêt du cadavre de Jane Neal bouleverse la petite communauté.
Qui pouvait souhaiter la mort de cette enseignante à la retraite, peintre à ses heures, qui a vu grandir tous les enfants du village et dirigeait l’association des femmes de l’Eglise anglicane ?


Un Cluedo Grandeur Nature
Promenons nous dans les bois pendant que le loup …
Dans une charmante bourgade située au cœur de la forêt québécoise donc, un événement aussi terrible qu’extraordinaire vient perturber le train-train quotidien de villageois planqués dans leur ennuyeuse et inlassable routine.
Une figure locale est retrouvée morte, sans aucune raison apparente, puisque gentille mamie un peu givrée et brave bête en supplément.
La méfiance s’installe rapidement et les commérages se répandent comme une nuée d’abeilles sur un pot de miel, la conséquence moins enviable d’une vie en communauté.
Tout le monde devient le voisin suspecté de l’autre, les vieux dossiers, un à un, refont surface tels des bulles de savon ; on suspecte avec hypocrisie, étiquette oblige !

Au Pays des Bisounours … Sanguinaires

Au fur et à mesure du récit, la fresque idyllique livre ses sordides secrets, les masques tombent et les visages qu’ils laissent entrevoir ne sont pas de toute beauté.
Chacun remue la vase croupissante du passé, rumine, se pare d’un habit de culpabilité bien trop encombrant et tape à l’œil.

Le lecteur tournoie dans cette fosse marécageuse et fini par perdre pied, Watson ne serait ici d’aucun secours, les suspects se font de plus en plus nombreux.
Jalousie, convoitise et orgueil s’épandent dans le cœur de Three Pines, qui s’ébranle et part en quête du mystère emporté dans la tombe par la défunte. Secret qui mérite que l’on aille jusqu’au bout pour être découvert puisque dépasse l’entendement tellement il n’est que bizarrerie saugrenue sortie tout droit d’un cervelet illuminé (mais je vous laisse ouvrir le paquet vous-même).
Une Nouvelle Ambassadrice du Rompol ?
En référence à l’intitulé du titre, certes Louise PENNY est une découverte des plus fameuses mais, à mon avis, loin encore de détrôner la grande maîtresse du « rompol », la grandiose Fred VARGAS.
A y regarder de plus près, elle a toutefois l’étoffe pour prétendre à s’incruster dans son sillage.
En effet, quelques ressemblances sont frappantes et il y a fort à parier que notre canadienne se soit inspirée de l’Ecole d’Agatha.
Première symétrie : Une farandole de protagonistes aux allures très théâtrales, un camaïeu de sensibilités et de névroses en tout genre.

Deuxième lieu commun : Cet attachement à un héros en charge de fidéliser le lecteur au fil des sorties littéraires. 
Tout comme Hercule Poirot ou Adamsberg, Armand Gamache se présente un visage d’autorité public assez hors norme, avec ses manies, ses obsessions, ses loufoqueries.
 
Sur ce point cependant, son charisme est loin d’égaler ses deux compères sus référencés.

Troisième ressemblance : La perpétration et mise en scène du crime ainsi que les motifs l’ayant justifié. 
La trame sympathique et bonne enfant de l’intrigue jongle avec l’atrocité des faiblesses humaines.
 
Le décalage entre cruauté et burlesque est parfaitement assumé et cohérent pour le plus grand plaisir du lecteur.

Là où Louise PENNY a su se distinguer résulte du fait que les péripéties à venir de notre inspecteur le ramènera sans cesse dans cette petite bourgade de Three Pines qui se veut sans histoires mais qui n’a visiblement pas fini de nous livrer ses secrets les plus sombres et vils. 
Je trouve çà plutôt futé et addictif, cela promet de jolies mésaventures encore.

Je vous recommande chaudement cette trouvaille venue des grands espaces !
En espérant vous avoir mis en appétit ... Bonne lecture à tous !

Note : 4/5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire