La Littérature, Une Marchandise Comme Une Autre
Le Vieil éclopé barbu a
glissé dans ma chaussette un petit roman dévoré en une journée, alors pendant
que c’est encore tout chaud et afin de faire connaitre davantage cette MaisonNantaise (Editions du Petit véhicule) qui se démène pour ouvrir une porte
littéraire entre quelques talents tapis dans l’ombre et un public qui ignore
jusqu’à leur existence, je dépose
ici un énième avis littéraire.
Ironie du sort au regard du thème principal … Le message n’en sera que plus
entendu !
Du Fil à Retordre…
(Pour ceux
qui n’auraient pas lu mon avis sur La Traque, je vous remets ici la présentation
de la vie de ces éditions qui
sont chères à mon cœur).
Au pays des
frasques et des calembours, une fourmilière régnait en maîtresse absolue.
Loin de
vouloir se conformer aux us et coutumes de la profession et désireuse d'emprunter des chemins de
traverses (dixit Luc Vidal, son président) afin de ne souffrir d'aucune pression
mercantile, l'originalité de la maison résidait, excepté le personnage haut en
couleurs de son fondateur, dans son procédé de fabrication.
En effet,
exit entre ces quatre murs, les reliures classiques que l'on connait tous, ici
le maître mot est "couture".
Et en avant
pour un ballet de pelotes édulcoré.
Avec la reliure à la chinoise il est incontestable que l'expression "au fil des pages" reprend tout son sens.
Une idée tout aussi révolutionnaire qu'ancestrale, où, à l'heure de l'édition numérique, l'éditeur sort des sentiers battus pour réattribuer au livre sa seconde fonction, mais pas des moindres, ornementale et artistique.
Avec la reliure à la chinoise il est incontestable que l'expression "au fil des pages" reprend tout son sens.
Une idée tout aussi révolutionnaire qu'ancestrale, où, à l'heure de l'édition numérique, l'éditeur sort des sentiers battus pour réattribuer au livre sa seconde fonction, mais pas des moindres, ornementale et artistique.
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Pour en revenir à nos moutons, c'est naturellement toute fiérote d'avoir confectionné quelques exemplaires d'un ouvrage au suspense haletant
et dont la physionomie en surprendra plus d'un, que je viens glisser ici mon
avis.
Un Auteur Sous les Feux de la Rampe
Jean-Luc Nativelle, professeur de philosophie et écrivain, a publié plusieurs essais ainsi que des œuvres de fiction, dont Par Humanité, remarqué par Amnesty International.
Son troisième roman, Le Promeneur de la Presqu’île, a été récompensé par plusieurs prix littéraires dont celui des Lecteurs du Télégramme 2013.
Avec son
petit dernier, Un Jour, Philip Roth Sera Mort, Jean-Luc Nativelle nous parle
d’un revers de médaille qu’il connait bien, de coulisses peu engageantes du
marché de la littérature, le sort des nègres et leur condition mais également de la qualité
déclinante de ce que nous servent les Grands de ce monde.
La référence
à Philip Roth dans le titre n’est autre qu’un clin d’œil de l’auteur à une
littérature pleine, vraie, un hommage à un homme qui a décidé, peut être par
découragement de laisser tomber la plume fin de l’année 2012.
Une Transaction Diabolique
Paul Delambre fils, écrivain à la carrière fulgurante, a été retrouvé mort à son domicile ; tout indique qu’il s’est suicidé.
Mais Pascal Messager, qui se prétend son ami, entend
rétablir quelques « vérités utiles ».
Une quinzaine d’années plus tôt,
Messager, lui-même écrivain, vivait dans la frustration de voir ses romans
refusés par les grandes maisons d’édition.
Résigné à vivre de petits boulots – lecteur,
correcteur, écrivain public –il a reçu un soir une proposition qui allait
changer sa vie : écrire un livre au succès assuré, et enfin être à l’affiche
d’une référence sur le marché éditorial, les éditions Claude Garamont.
Pour Messager, l’heure de la reconnaissance avait
enfin sonné.
Une consécration en demi-teinte car écrire pour un autre ne va pas de soi : le succès finit toujours par avoir un prix… Reste à savoir qui va le payer !
Une consécration en demi-teinte car écrire pour un autre ne va pas de soi : le succès finit toujours par avoir un prix… Reste à savoir qui va le payer !
Pascal Messager, Le Témoin de
L’Ombre
Si Jean-Luc
Nativelle ne connait que trop bien les
rouages pipés d’une industrie littéraire ogresse et que son parcours a été,
à l’image de celui de son héros, semé d’embûches et de refus, il ne faut pas
pour autant y voir ici quelques chose d’autobiographique.
Certes son
travail se trouve d’autant plus empreint de crédibilité et d’authenticité,
ayant été le témoin de ce qu’un livre édité dans des conditions marginales ne
peut accéder aux sentiers ordinaires du marché du livre qu’après l’obtention
d’un prix et donc d’une reconnaissance au préalable; preuve de l’aridité et de la
stérilité du travail de certaines grandes Maisons.
Avec Un Jour Philip Roth Sera Mort, l’auteur met le doigt sur un fait
de société déconcertant ainsi que sur notre médiocrité, notre inaptitude à
porter un regard objectif et personnel sur l’art littéraire en l’occurrence.
Il serait dangereux et mal venu d’y voir ici une croisade ou une quelconque
vendetta à l’égard des lobbies qui nous aveuglent et nous matraquent à coup de
best-sellers prémâchés, Nativelle ne fait que souligner une triste réalité.
Le roman est à double tranchant, avec un style très incisif et des personnages aux caractères tourmentés et étoffés ; à côté de ce qu’on pourrait décrire comme la machinerie des Grands Méchants, il met en évidence la faiblesse de ces auteurs, appelés « nègres » (une appellation qui m’a toujours chiffonnée mais qui en dit long), prêts à se nier, s’oublier, parfois au service de la littérature, la vraie, parfois au service de leur narcissisme contenu depuis trop longtemps.
Une quête de
reconnaissance par procuration… qui se révèle bien vite, comme c’est le cas
dans ce roman, comme un pacte avec le Vilain.
Une histoire, un regard qui porte à la réflexion, qui chatouille notre
curiosité et notre intérêt pour des écritures restées dans l’obscurité et
qui méritent qu’on prenne le temps d’aller les débusquer !!
Une tourmente, un cercle vicieux qui va pousser les personnages dans leurs
derniers retranchements...
Note: 4/5
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