samedi 22 mars 2014

Pig Island - Mo HAYDER

Une Pétroleuse Subversive et Talentueuse


Fille d’universitaires anglais, cette plume tranchante prend son envol dès son plus jeune âge, à 16 ans, où elle quitte brutalement sa famille pour se confronter à la vie active et partir à la découverte du monde. Attirée par le cinéma d’animation, elle s’installe à Los Angeles pour y entreprendre des études de cinéma.

De retour au bercail, elle décide alors de se consacrer à l’écriture. Elle fréquente les milieux policiers, les médecins légistes, ce qui lui permet rapidement d’avoir le terreau nécessaire pour accoucher de son premier roman Birdman qui fera une entrée fracassante dans le monde élitiste du thriller. Suivront, en 2002, L’homme du soir, en 2005 Tokyo (lauréat du Prix SNCF du Polar européen et du Prix des lectrices de ELLE), Pig Island en 2007 et Rituel en 2008.


Trois Petits Cochons…


Joe Oakes est journaliste et gagne sa vie en démystifiant les prétendus phénomènes paranormaux. En débarquant sur Pig Island, îlot perdu au large de l’Ecosse, il est fermement décide de vérifier si la trentaine d’allumés qui y vivent en vase clos vénèrent le diable comme les en accusent les gens de la côte.

Et, surtout, il veut tordre le cou au mythe du monstre qui aurait élu domicile sur l’île, une mystérieuse créature filmée deux ans plus tôt par un touriste à moitié ivre.

Mais rien, strictement rien ne se passe comme prévu. Joe est confronté à des évènements si atroces qu’ils bouleversent à jamais son idée de la peur et du mal…


Dans Le Cochon, Tout est Bon !


Une amorce plutôt alléchante pour les fanatiques de grands frissons mêlant pratiques obscures, mystères sectaires et fantastiques.

Le décor planté et les ingrédients idéalement sélectionnés, reste à savoir si le résultat sera à la hauteur des promesses annoncées.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que Mo Hayder à l’art de vous transporter dans son univers dès les premières lignes en prenant soin de donner ce qu’il faut de structure et d’épaisseur à ses personnages et l’univers dans lequel ils évoluent pour nous propulser sur l’île de Pig Island et nous improviser le temps de plusieurs centaines de pages traqueurs de secrets à la limite de l’obscénité.

Au fil de notre lecture on se rend très vite compte qu’il eu été imprudent de sous estimer la tourmente à laquelle l’intrigue nous confronte.

En mal de repères et sur nos gardes jusqu’à la fin, le style de cette jolie londonienne nous transporte et nous malmène avec une aisance sidérante, mettant sur nos chemins çà et là quelques bizarreries scientifiques et fresques insoutenables.

Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, mais que je vous recommande fortement.


Note : 5/5


lundi 17 mars 2014

Fleur de Tonnerre - Jean TEULE


Auteur connu et reconnu, il me semble inutile de vous présenter une biographie de Monsieur Le Marquis.

Ma première rencontre avec Jean TEULE se fit avec Le Magasin des Suicides en mains, œuvre au faux air burtonien et au concept dérangeant et hilarant, adaptée au grand écran.


Puis s’enchainèrent au fil des années, presque naturellement, d’autres découvertes selon moi davantage illustratrices de l’œuvre de TEULE, à savoir Le Montespan, Je, François Villon.


Une croisade littéraire au cours de laquelle Jean TEULE m’est vite apparu comme une plume non identifiée, imprégnée d’une curiosité historique quasi érudite et d’un goût certain pour la mise en scène tantôt cruelle tantôt grossière et absurde.

Ses personnages ont presque tous quelque chose de non respectable, de mollasson voire d’abrutissant ce qui participe, sans doute à notre insu, à leur charme.

Reste à savoir si avec Fleur de Tonnerre, l’auteur continue de s’inscrire dans le même sillage.


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Au début du XIXe siècle, partout en Bretagne, couraient encore les légendes les plus extravagantes. Le soir, au creux des fermes, on évoquait avec frayeur les apparitions de l’Ankou, l’ouvrier de la mort, squelette drapé d’un linceul et portant une faux. Cette terrible image frappa avec une violence inouïe l’imaginaire de la petite Hélène Jégado. Blottie contre le granit glacé des menhirs, l’enfant se persuada qu’elle était l’incarnation de ce personnage d’épouvante. Après avoir empoisonné sa propre mère, elle sillonna la région, éliminant tous ceux qui accueillaient avec bonheur cette parfaite cuisinière. Elle tuait tout le monde, sans discrimination. Et elle était si bonne, si compatissante au chevet des mourants, que personne ne pouvait soupçonner un seul instant son monstrueux dessein. À laisser trop de traces, elle finit par se faire prendre. Quels secrets renfermaient cette tête qui, le 26 mars 1852, sur la place du Champs-de-mars de Rennes, roula dans la corbeille de la guillotine ?


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Aux premiers abords, on se délecte de cette audacieuse référence historique et de la promesse d’une virée dans la Bretagne profonde, celle de toutes les superstitions, de toutes les magies, notamment à travers le regard et la progression de deux commerçants Normands, notre référent lambda.

Une Fleur Insipide ?

Si je n’ai pas lâché ma lecture en cours de route, je n’en ai pas moins été tentée tant la construction de l’intrigue m’a laissé perplexe, impossible de déterminer si TEULE nous jouait là un de ses grands tour de passe-passe ou s’il s’était tout simplement égaré, tant le démarrage paraissait décousu et incohérent, à l’image parfois de son héroïne et de la juxtaposition de langages si anachroniques.

Au fil des pages et de discussion, il apparait pour la majeure partie des lecteurs que TEULE opère vers la moitié de son oeuvre une sorte de scission, un instant où tout semble s’inverser et basculer.

Au fur et à mesure qu’Hélène semble s’affirmer et enfin s’animer de sentiments, qu’ils soient bons ou mauvais, nos deux Normands se laissent peu à peu absorber par ces folies bretonnes.
Le problème réside en ce que l’impression d’écriture tantôt aboutie tantôt « bâclée » nous empêche de nous immerger totalement, un décalage difficile à surmonter.

Concrètement, il y a du bon à puiser dans chacune des deux parties du roman. Se trouve dès le début, cette étape de familiarisation avec les superstitions multiples et loufoques bretonnes, une certaine élaboration des crimes et du mode opératoire d’Hélène ; et dans un second temps, cette héroïne si fade et insipide qui s’épanouie, s’épaissit jusqu’à la fin.

Du côté des grands inconvénients que présente l’œuvre, une héroïne aux airs d’automate sanguinaire, sans étoffe dont l’évolution plus qu’appréciable en deuxième partie se fait supplanter par une cascade de répétitions mortuaires, un enchaînement trop rapide et lassant de morts toutes similaires.

Le verbe de l’auteur, curieux mélange de langage urbain contemporain et de dialecte breton finit par avoir raison de nous et de notre concentration.
Reste tout de même cette sensation satisfaisante d’avoir côtoyé le temps d’une lecture un des personnages les plus intrigants de l’Histoire noire bretonne.




Note : 2,5/5